lundi 29 août 2016

UTMB-2016

Ultra Trail du Mont Blanc
26 août 2016
170 km - 10 000 m D+
Abandon au 40 ème km

Beaufortain derrière, j’avais face à moi mon objectif de la saison !
Une semaine vélo début août de Strasbourg à Bellegarde sur Valserine, il ne me restait plus beaucoup de temps pour m’entrainer. 
Les dés étaient lancés et il était trop tard pour mieux faire, je ne me sentais pas forcément prêt... Pas mieux que les deux dernières saisons pour la CCC et la TDS, alors que l’objectif de cette année était énorme ! Je suis en congé la semaine avant ma course, histoire de bien me reposer.
Je me rends à Chamonix le mercredi. Le camping le plus près de la ville de Chamonix est complet, heureusement d’ailleurs car, il y a beaucoup trop de monde, trop de gens qui arrivent et qui partent chaque jour. Pas très calme et pas d’espace. Je vais donc un peu plus loin, à côté du camping de l’an dernier. Je prends un emplacement au camping des Écureuils. Il est contre celui de l’an dernier ou je m’étais promis de ne pas y retourner. Bel accueil et un bel emplacement libre en face du glacier des Bossons ! Les emplacements sont plats et espacés, c’est un camping calme. Le bus et le train sont gratuits pour se rendre à Chamonix distant d'environ quatre kilomètres. La gare est à peine à 250 m et il y a des trains environ toutes deux heures ! Je ne toucherais pas à la voiture pendant cinq jours. C’est vraiment l’idéal ! 
J’installe mon petit campement, tente, table, glacière électrique, chaise longue, etc. Je me rends ensuite à Chamonix dès le début d’après-midi où il y a le retrait des dossards. Je suis en avance mais je préfère m’y rendre de suite. Il y a quand même du monde, mais cela avance relativement vite. Tout est impeccablement bien prévu comme d’habitude et le contrôle de mes affaires ne posent pas de soucis.

Je peux ressortir avec mon dossard pour aller manger. La file d’attente s’est largement allongée, j’ai bien fait d’y aller avant… Quelle belle ambiance en ville, l’UTMB marque de son empreinte à chaque coin de rue et il y a du monde, beaucoup d’étrangers surtout. Je reprends le train pour retourner au camping faire une sieste, il est à peine 15h00. L’après-midi est calme, je me détends. J’attends le soir tranquillement et je dîne assez tôt avant que la fraîcheur arrive. En fin de journée, je décide de retourner en ville, le soir il y a l’arrivée des premiers de la TDS. ça fout les frissons ! Génial, avec une ambiance de feu ! Une petite glace au chocolat et retour à la tente à pied ! Et oui pas ou plus de train à cette heure là ! Je mets environ 45’ pour rentrer, à me tromper... Belle petite soirée. 
Après une nuit douce et agréable, je vais passer ma journée de jeudi encore au calme. Petite visite à Chamonix, et beaucoup de repos. La journée fut belle à déambuler dans la capitale mondiale du trail ! Pris le train en milieu de matinée, j’ai regardé les concurrents de la TDS arriver, ça fout toujours autant les frissons ! En me promenant, je tombe sur Benjamin de mon boulot avec ses enfants ! ça fait plaisir, sauf qu’il m’annonce une terrible nouvelle, un collègue de boulot, notre nouveau poseur, s’est tué en parapente... Quelle terrible nouvelle, Frédéric, je l’aimais bien... Je vais beaucoup penser à lui toutes ces prochaines heures. Je me trouve une pizzeria, pour manger une super bonne pizza et arrivée de Xavier Thévenard, premier de l’OCC, quel beau champion ! Je suis ensuite rentré au camping, me doucher, faire la sieste, et flâner ! Le soir, préparation du sac, il me reste le dossard et l’eau ! Puis dîner et dodo !

Ce vendredi, c’est le jour J ! Ma course de l’année, de ma vie aussi peut-être aussi... Vu l’importance de l’UTMB, la distance aussi pour moi la plus grande jamais réalisée ! Quoi qu’il en soit, je dois être réaliste, garder les pieds sur terre afin de ne pas me mettre la pression ! Je dois partir sereinement, rester calme, partir doucement. Je connais mes barrières horaires. Je dois les garder à distance ! En cas de coup dur, ou de moins bien, ou de fatigue tout simplement, que je puisse m’arrêter une dizaine de minutes pour repartir en forme... Je peux faire une moyenne de 4km/h minimum. Ce n’est pas beaucoup mais c’est sans mes pauses ravitaillements. Je dois m’arrêter pour manger à chaque ravito, salé et de consistance solide. Le sucré je l’emporte. Boire souvent et régulièrement, faire le plein à chaque ravito. Après on verra ! L’essentiel étant de se faire plaisir avant tout et après seulement,arriver à Chamonix ! Le rêve mais je vais y arriver c’est sûr ! Pas commun de débuter un trail à 18h ! Il faut arriver à s’occuper la journée sans se fatiguer ! J’ai décidé d’aller tout de même en ville pour ne pas tourner en rond ici ! Je fais un petit tour, je vais pour reprendre le train, mince, pas de train à 11h14, je dois attendre celui de 12h14. Pâtes jambon pour le midi, semblant de sieste, puis fin de préparation des affaires et de ma tenue de course. Je prends le train de 16h41 comme beaucoup d’autres coureurs pour aller sur la ligne de départ. Pose du sac pour Courmayeur et je vais derrière la ligne de départ ou déjà un nombre de coureurs importants sont prêts. Il reste environ trois quarts d’heure. Beaucoup de monde, pas trop chaud, un nuage a eu la bonne idée de venir se poser là le temps du départ. Grosse ambiance pour ce départ, des frissons, des larmes au moment où retentit la musique. Deux minutes de bonheur, à repenser à tout ce que l’on a fait pour être là... C’est parti !
Cela part pas trop vite ! Il nous faut pas moins de cinq bonnes minutes pour réellement partir. La foule est agglutinée en masse pendant des kilomètres avec énormément d’encouragements. Cela fait vraiment chaud au cœur tout ça ! Quelqu'un m'interpelle ! J'entends mon prénom. Je ne reconnais pas la personne. Heureusement, Dylan est là, je pense que c'est son père qui m'encourage... Je les salue de la main, mais je les vois me suivre et me chercher... Je leur fais de nouveau signe pour qu’il fasse une photo ! Un peu plus loin, dans la foule, j’entends de nouveau mon prénom, C’est Michel et Marie avec aussi Nathalie Perrin de l’Avoc. C’est cool qu’ils soient là ! ça court tranquille jusqu’aux Houches, bien qu’il fasse super chaud, j’ai un peu de mal à “ventiler”... Attaque ensuite la montée de Delevret, je monte bien sans forcer, j'arrive à suivre le rythme. Mais je pense que j’ai du avoir un coup de chaud car dans la descente sur Saint Gervais, qui est assez longue quand même, je me sens déjà un peu patraque. Je mange tout de même assez bien et je repars confiant de ce ravitaillement géant ! En plus il y a un sacré monde, c'est dingue ! La montée aux Contamines se passe déjà moins bien… Je suis lent, j’ai des maux de ventre et je commence à avoir du mal à boire et à m’alimenter. Je sens alors que c’est mal parti. Il me reste à peine 10 mn sur la barrière, j’ai l’air un peu perdu, mais je repars quand même, il faut aller au bout de soi ! La route est longue pour Notre Dame de la Gorge, la barrière passe encore, toujours pas de jambes bien que cela aille mieux. Arrivée au Col de Balme, j’hésite, je regarde ma montre, il reste encore un peu de temps pour passer la barrière. Mais ce n’est pas la grande forme, ça m'inquiète de passer la nuit dans la montagne. Si je repars, je suis obligé de monter au Col du Bonhomme, puis redescendre jusqu’en bas aux Chapieux. Je ne me vois pas faire cela, voilà, c’est décidé, je m’arrête... Rude échec…
Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur ma décision, d’autres coureurs arrivent hors barrières, puis d’autres sont aussi coucher dans les tentes au chaud. C’est rassurant de me voir en meilleure santé qu'eux malgré cet abandon. Il faut savoir se plier devant l’adversité ! Accepter les échecs et trouver à l’intérieur de soi ce qui nous fait grandir ! Je ne regrette rien, si ce n’est un manque certain de préparation spécifique. Faut savoir se rendre à l’évidence que je ne me suis pas suffisamment bien entraîné... Je ne pense pas que je reviendrai sur ce genre de format, trop grand, trop exigeant en terme de préparation et d’investissement.
J’attends également sous la tente chauffée que l’on me descende aux Contamines. Un anglais, une française me semble t-il, et trois à quatre japonais sont comme moi i ci à attendre. Tiens, revoilà la fille avec qui j’étais montée... En fait, elle est redescendue pour abandonner. Elle est espagnole, nous discutons un peu, elle est sympa. C’est réconfortant de trouver quelqu’un à qui parler dans ces moments là. Au bout d’une heure, on nous descend en 4x4, je perds de vue mon amie d’abandon ! La descente est longue sur Notre Dame de la Gorge, puis sur les Contamines ou un bus nous attend pour nous ramener à Chamonix. Je sors du bus, pensant aller dormir au “dortoir” des coureurs, revoilà alors mon amie espagnole ! Elle a perdu sa voiture, je la cherche avec elle, puis elle me ramène au camping ou je lui propose de faire une douche chaude ! Elle dort ensuite dans sa voiture devant le camping et peut-être prendra t-elle demain un emplacement. Elle refuse de dormir dans ma tente, mais en même temps, je devais lui proposer… Une douche aussi pour moi et au lit, il est presque 6h00 ! Quelques messages avant de dormir et réveil à 8h00, je déjeune ! Je vois mon amie Irina, l’espagnole, elle vient s’installer au camping, on est pas très loin l’un de l’autre. Mais notre amitié en restera là, elle retourne dormir, elle ira plus tard en ville ! Je prends le train de 12h41 pour aller chercher mon sac qui est bien à Chamonix ! Bien joué l’organisation ! Puis, petit plaisir au Mac Do ! Manger à l’ombre dans l’herbe ! Retour à la tente, petite sieste et départ du camping, il est 15h45.
Content de mon séjour, même si je n’ai pas pu aller au bout de mon objectif.