mardi 21 juillet 2015

Ultra Trail du Beaufortain 2015

Samedi 18 et 19 juillet 2015
105 km - 6 400 m D+

Abandon à La Laie.
49 ème km - 3 900 m D+ et 12h05 de course

Fin de semaine difficile... 
Une semaine entière de canicule, lever vendredi à 3h00 pour commencer le travail à 5h00, Atelier à plus de 35°, que de fatigue accumulée… Heureusement je finis à 12h00 mais barbecue au boulot, parti vers 14h00. 
Arrivé à la maison, pas de sieste, le temps de préparer mes affaires nous partons avec Valy vers 15h15.
Chaleur étouffante, vive la clim dans l’auto ! On s'arrête tout de même se baigner à Talloires. Cela nous rafraîchit pour le reste du trajet. Nous allons directement à l'hôtel, on fait que monter les affaires. La chambre est exposée au nord, pas de soleil tapant direct dans la chambre, c’est déjà ça.

Beaucoup de monde à la remise des dossards, cela nous met dans l’ambiance ! Je récupère mon dossard et nous restons pour le briefing de 18h00. Nous partons de Queige, il est presque 19h00. Il fait chaud mais c’est supportable. Je bois bien et nous rentrons sur Albertville. Nous trouvons difficilement un endroit pour manger, une pizzeria ou je prend des tagliatelles au pesto plus une pizza. Je me suis bien gavé ! Trop peut être ? Il faisait super chaud au resto, grosse transpiré, même Valy a transpiré, pour dire !!!
Nous rentrons à l'hôtel, il est 20h30 environ. Il semble faire assez bon dans la chambre, fausse impression !
Une chaleur nous arrive de je ne sais ou… la fenêtre grande ouverte, l’air a du mal à circuler. Le bâtiment super mal isolé, la chaleur s’y est accumulée toute la journée… Impossible d’être à son aise, vraiment trop chaud. Pas la force de préparer mes affaires, je me douche et me couche assez fatigué par cette journée très intense... Valy regarde la télé, cela ne me gène pas, je me réveille une fois ou deux, à cause de la chaleur, on ne sait pas comment se mettre… Valy pose sur moi une serviette mouillée, ça fait du bien, je somnole toute la nuit… Deux douches, tourner en rond… bref pas la meilleure nuit, surtout que depuis vendredi matin debout 3h00, pas de sieste, ça va être dur le matin de la course…

Je me réveille il est 2h45, Valy dort bien, je suis dans le coaltar… Je fais une nouvelle douche et je tourne en rond dans la chambre ne sachant par quoi commencer…
Pas de bouilloire, oublié à la maison, je descend au rez de chaussée de l'hôtel me chercher un café. Je mange un bout de brioche sans conviction. Pas très faim, et avec cette chaleur, suis abasourdi…
Je regarde ma montre, il est 3h15, le départ est dans 45 mn, il faut que je me bouge ! Je me prépare vite fait, je n’oublie rien, c’est déjà ça ! 15 mn plus tard je monte dans l’auto, je roule vers Queige. je roule fenêtre ouverte, ça me fait du bien !
15 mn de trajet, je me gare sur le parking. Juste le temps de lacer mes chaussures, d’ajuster mon sac et de me diriger vers le sas de départ. Tous les coureurs sont déjà dans le sas, je me fais badger, met en route ma montre et j’attends à peine 5 mn le compte à rebours du départ ! 
Je reconnais Pascal Blanc, un ultra trailleur assez connu pour avoir fait l’Utmb et la Diagonale plusieurs fois toujours bien placé, et surtout pour les défis qu’il se lance comme le dernier en date avec la traversée des Alpes de Thonon à la mer Méditerranée en une dizaine de jours par les sommets.

Je suis prêt, j’essaie de me concentrer un peu sur ma course, et c’est parti ! Pas trop eu le temps de me poser des questions ce matin, tout est allé si vite. Pas plus mal quelques fois…
Petite originalité cette année, avec une boucle autour de l’étang qui permet aux spectateurs de voir une deuxième fois les coureurs passés devant eux. Pour nous c’est à peine 200 m en plus. On peut largement courir en ce début de course, ce que je fais aisément. Mes bâtons encore pliés, je double même pas mal de concurrents le long du sentier, ça me fait tellement du bien de courir !
On enchaîne quelques petites montées sur des sentiers larges, on traverse une fois ou deux la route et je cours toujours tranquillement.
C’est seulement au bout de 30 mn environ que je déplie mes bâtons sur une portion de bitume assez plate, je pense que l’on va bientôt attaquer le dur !
Je me sens vraiment bien, ça commence à monter raide dans les singles de ce premier dénivelé, c’est parti pour 1 500 m D+ en une fois ! C’est assez fluide et pas trop rapide, ça me va très bien.
Bien que un peu endormi, je me sens pas trop mal en ce début de course, les jambes répondent bien. En plus il ne fait pas trop chaud, un petit air frais vient de temps en temps nous caresser le visage...
Le jour commence à se lever, c’est bien couvert et nous apercevons à la sortie de la forêt le dénivelé déjà effectué. Les alpages commencent maintenant.
Le peloton s’étire et j’ai ma place dans la file. On double et on se redouble de temps en temps, quelques coureurs qui cherchent leur place…
Je reconnais quelques places devant moi Sonia une amie de Gilles, mais trop loin pour lui parler.
1 500 m D+ en 2h15, ça se passe bien, petit replat et on finit cette première montée jusqu’au col des Lacs en 3h00, 16 km et 1 785 D+.
Première grande descente dans les alpages, je marque un peu le pas et je me laisse un peu distancer de mon groupe, je m’arrête pour pisser et je continue, tout va bien tout de même.
50 mn plus tard, nous voici aux refuge des Arolles, premier ravito, je mange deux trois trucs, je bois un peu de coka, remplis ma gourde et ma bouteille de coka et je repars, toujours assez bien.
Environ 4 km encore de montée, arriver au Col des Bonnets rouges, qui débouche sur une superbe vue sur le lac de Saint Guerin. 
Belle descente vers la passerelle, je descend seul, je rattrape un et même deux coureurs. J’encaisse vraiment bien chaque portion du parcours, ça me fait plaisir.
5h30 de course, 28 ème km, je pense être dans mes temps, du moins ceux de l’an dernier...

Beaucoup d’ambiance à la sortie de la passerelle, Valy n’est pas là, je continue ma route.
Il ne fait pas trop chaud, j’ai assez d’eau pour poursuivre, j’avance bien, mais je commence à puiser un peu. Mes efforts sont lents, ma tête n’est pas avec mon corps. Même si mes jambes continuent à produire l’effort, je n’y suis plus. Quelques coureurs me doublent, Mes yeux se ferment, j’ai trop sommeil…
Je sais que le prochain ravito est encore bien loin, et malgré ma difficulté de progresser, le sommet approche finalement assez rapidement. Un replat que je croyais le ravito me donne des faux espoirs, mais je me relance pour une nouvelle petite côte.
Je me vois pas bien de continuer dans ces conditions, vivement le ravito pour s’y arrêter et faire le point. Je serai alors au 32ème kilomètre...
Je m’arrache et j’arrive enfin au ravito, 7h00 de course. Des matelas au sol ! humm j’en prendrais bien un pour y faire une sieste. Un coureur est allongé, il a l’air vraiment mal en point le pauvre.
J’en suis pas à ce point, mais je suis tout de même à côté de mes pompes… J’ai plus la force mental de continuer, je mange une soupe, je m’assois et je regarde les coureurs arriver et repartir, je suis dans le vague…
Je me lève, remplis ma bouteille de coka, ma gourde d’eau pétillante et ma poche à eau. J’arrive à remanger une soupe, et je sors tout de même de la tente du ravito, me fait badger quelques 40 mn après y être rentré ! Au final, quelques 50 coureurs me sont passés devant, dur dur...
Je semble aller mieux, je repars, cela monte de nouveau, jusqu’au col du Coin, puis descente avec un départ technique ou des cordes sont à notre disposition. Pas de soucis pour moi, je suis très lucide, ça aide !

J’adore cet endroit cela me motive et je monte bien à mon rythme. Je suis mieux dans ma tête mais cet arrêt a plombé ma course. Je ne pense qu’au retard pris depuis le départ et me demande bien comment je vais être pour la suite, vais-je avoir assez de temps et d’avance pour la barrière horaire de La Laie. Elle est à mi course, et je pense que Valy sera là.
On verra bien, je n’en suis pas encore là, je profite du magnifique parcours qui nous est offert.
J’avance bien, je rattrape des coureurs, deux s’accrochent à moi et nous arrivons au lac d’Amour, étape plate avant de monter à la Passe de Mintaz. Nous somme au 37 ème kilomètre et un peu plus de 8h35 de course.
Très content de ma montée, j’ai bien géré, je prend vraiment le temps d’admirer et d’apprécier le paysage, certes rocailleux mais vraiment magnifique. On aperçois le refuge de Presset, le prochain ravito. Nous longeons ensuite une crête avant d’arriver au ravito, content d’arriver là car cette dernière cote est vraiment raide.
Je m’assois un peu, je regarde autour de moi, je suis finalement pas trop mal quand je regarde certains coureurs qui en ont vraiment enduré pour arriver là. Cela me motive et je repars rapidement d’un bon pas, pour la dernière montée avant la grande descente sur La Laie. Montée super raide, je rattrape encore quelques coureurs avant cette arrivée au col du Grand Fond. Il y avait de la neige ici même il y a deux ans, la traversée de la crête pour aller à la Brèche de Pralozan avait été rude.
Cette année, un petit sentier est tracé, il faut faire gaffe, car il y a de la pente mais pas de soucis quand on a les jambes et la tête !
 


Arrivé à la Brèche, je me sens bien. J’ai récupéré en fait 25 places ! Je le sais pas au moment de la course...
On bascule de l’autre côté, descente très très raide ! c’est très sec, ça roule sous les chaussures. les premiers 100 m de D- sont très difficiles à négocier, rien pour caler ses chaussures, j’y vais à petits pas, les pieds bien à plats en avant. ça avance, personne derrière, aucune pression…
Cela ne m’empêche pas de glisser par deux fois, sur les fesses, sans bobo, mais la trouille de dévaler la pente !
 

 

Le sol est plus tendre ensuite, de petits lacets avec pas mal de gravier permet de se caler dans les virages. Pas question de courir, c’est encore trop raide mais je progresse bien.
Bientôt la fin, je rattrape une concurrente, arrêtée, face à la pente, exténuée par cette descente de malade, tombée plusieurs fois, ça l’a usé… Je l’encourage et je repars.
Ouf, descente dans ce pierrier terminée ! Je sais que ça roule jusqu’à La Laie. Il y a bien deux heures de descente, il faut courir afin de ne pas perdre trop de temps.
Je me sens pas trop mal, le soleil est maintenant présent, il fait chaud.
Je mouille mon buff à chaque fois que je trouve de l’eau dans de petits torrents d’eau bien claire.
Je pense déjà à la suite, car je sais pas ce que ça va donné en terme de chrono, est ce que à La Laie j'aurai assez d’avance sur la barrière… J’ai du mal à me faire une idée. Il y a pas trop de coureurs, un de temps en temps me double, j’en rattrape aussi deux mais je ne peux pas dire que je sois au taquet. J’ai tout de même du mal à courir tout le temps et j’ai l’impression d’être moins bien que l’an passé au même endroit...
 

La Laie en vue, Valy est sur place, je prévois ma stratégie avant de m’arrêter. Si j’ai plus de 1h15 d’avance tout va bien, je continue mais si j’ai moins, je ne me vois pas bien continuer ainsi, surtout que j’ai l’impression que la fatigue me gagne de nouveau.
Je double deux coureurs juste avant d’arriver, j’aperçois la tente du ravito, située un peu plus loin que d’habitude.
Valy et Evelyne sont juste au refuge, en traversant la route, elles ont mon gros sac et la glacière. C’est super sympa, je leur explique et je file au ravito me faire badger. Je demande de suite mon avance sur la barrière. Un peu moins d’une heure...
Il y a pas à dire, mon problème et mon arrêt m’ont bien foutu dedans…
Je discute avec des coureurs, certains arrêtent, d’autres filent, je reste là à me poser des questions.
Au bout de quinze minutes, je décide d’arrêter et je me fais débadger…

Dur dur comme décision c’est vrai, mais je n’ai pas trop d’amertume à arrêter dans ces conditions et aussi tôt.
Le prochain ravito de La Gittaz et la prochaine barrière sont dans environ 5 heures, ça me fait un peu peur… Surtout que la nuit aurai été bientôt là...

Déçu, certes, mais pas les meilleures conditions pour continuer, et surtout je n’ai pas envie de me faire mal à cause de manque de lucidité due à la fatigue. C’est mieux comme ça…

Avec le recul, et à la vue des chronos de la course, à deux minutes près, je suis comme l’an dernier ! J’aurai pu donc continuer sur cette voie, mais l’an passé j’étais plus dans l’esprit de faire mieux. Cette année, je ne me voyais pas faire mieux que Les Saisies, je ne saurais jamais si c’était possible de le faire. Il faut que cette expérience me serve pour les prochaines longues courses à venir, et ne pas s’arrêter comme ça sans être aller jusqu’au bout. C’est très dur d’arrêter une course par abandon… 

Dommage…

Il n’est pas grave de s'arrêter quand ça va mal et repartir en se sentant bien !
Par rapport à l’an passé au même endroit, j’ai été plus facile cette année, plus à l’aise dans certaines parties techniques comme la super descente dans le pierrier.
C’est vrai que je commence à connaître le parcours !!!
Pour moi, la difficulté ne sont pas les longues montées, ni les montées très raides mais plutôt de pouvoir gérer mon temps. J’ai perdu 40 mn en m’arrêtant au ravito de Cornet d’Arêches, et aussi pendant bien 2h00 avant ou j’ai ralenti le rythme. Sans ça, avec l’heure d’avance à La Laie, ça pouvait passer… Mais aucune défaillance possible !!!