Trace des Ducs de Savoie - Mercredi 26 août 2015
Distance : 119 km
7 250 m D+
33h maxi
Chrono : 30h23mn34s
1213 arrivants pour 1809 partants.
596 abandons
Scratch : 856/1213
Vétérans 2 : 106/168
Pas d’assistance sur cette course de la TDS (Trace des Ducs de Savoie). La course est en semaine, et Valy travaille.
Je me rends donc le mardi, la veille de la course à Chamonix pour le retrait des dossards.
Avant ça, je passe m’installer au camping des Marmottes aux Bossons à l’entrée de Chamonix.
Je décide finalement de rester deux nuits, je ne plierai pas ma toile de tente le matin de la course… Je devrais garer mon auto à l’extérieur du camping pour éviter de faire du bruit en partant le matin du départ…
L’installation est rapide et je me rends à Chamonix pour les dossards. Je veux éviter de me garer au grand parking de l’Aiguille du Midi, vraiment très loin du retrait des dossards. Il fait déjà chaud, malgré la journée de pluie de la veille, je dois économiser mes efforts !
Je tourne, je tourne... avant finalement de décider de me garer au parking du Mont Blanc, celui même qui juxtapose le salon du Trail. Il est complet mais je n’attends même pas 2 minutes pour de suite avoir un ticket et me garer au second sous-sol ! Je n’ai pas mangé… mais je décide d’aller de suite au retrait des dossards. Bonne idée, car il y a déjà la queue à 12h45… Pendant la file d’attente, on discute entre trailleurs. Un québécois, deux alsaciens et un franc comtois. Chacun raconte ses différentes courses, ses victoires, ses défaites, c’est très enrichissant et ça fait passer le temps ! Assez magique pour le québécois et son plat pays venir à la montagne à Chamonix, il a dû voyager dans l’état de New York aux Etats Unis et en Martinique pour avoir ses points… Bref, une heure plus tard, notre tour arrive finalement assez rapidement. On est dirigé vers une des dix personnes qui s’occupent de nous contrôler notre identité et de nous imprimer la liste du matériel obligatoire ainsi que les six articles tirés au sort à sortir du sac. On les place dans une bassine plastique et une personne contrôle les choses une par une avec attention. Pour moi, ce sera, le téléphone, ma couverture de survie, la bande élasto de un mètre, mes deux lampes le sifflet et la veste imperméable. Tout est ok malgré que je n’avais de piles de secours pour la seconde lampe, la dame ne l’a pas vu… Enfin la remise du dossard, l’accrochage de la puce sur le sac et je peux sortir, ouf !
Liste de matériels contrôlés |
Au total un peu plus d’une heure, tout va bien ! En sortant j’appelle Marie P. qui a essayé de m’appeler pendant le contrôle du sac… Elle est dans la file d'attente. On discute avec Michel, ça déstresse un peu tout le monde de parler de la course, les kilomètres, les difficultés, les ravitaillement, le matériel… J’ai passé assez de temps debout, et je décide tout de même de partir et de trouver un truc à manger. Mon choix est rapide car je n’ai pas envie de faire des kilomètres pour choisir. Une pizzeria où je prends des pâtes à la bolognaise et un coka. J’engloutis tout ça et je rentre vite fait me reposer au camping.
Cela fait du bien d’être au calme, tout en préparant mes affaires pour le lendemain et pour la nuit. Il fait beau et chaud, j’arrive à me poser sur mon matelas et à m’assoupir quelques minutes. Pas trop sommeil, trois jours que je ne fais rien, je ne suis vraiment pas fatigué ! En plus la pression monte quelque peu à quelques heures du départ...
Tout est prêt, il est 18h15, je files dîner en ville, beaucoup plus facile pour se garer… Tout en cherchant une autre pizzeria, je fais un tour sur la ligne d’arrivée, je m’imagine déjà...
Plus qu'un demi Mont-Blanc ! |
Hâte de prendre le départ ! Vraiment trop de monde sur la grande place, je m’écarte du centre et je trouve une pizzeria au feu de bois… Une bonne quatre saisons et une demi bouteille de Badoit et je suis bien calé ! Je peux retourner vite fait au camping ! Il commence à faire frais… Je me gare à l'entrée du camping avec mes affaires pour le lendemain… Trop froid pour faire ma douche pas grave…
Je me couche vers 20h00, je trouve rapidement le sommeil mais je me réveille un peu avant que le réveil sonne. Pas évident de se préparer dans une petite toile de tente ! Heureusement, tout est prêt ! Je déjeune deux fois, je me fais un petit thermos, je check toutes mes affaires et je vais rapidement à l’auto. Je file me garer sur une place pas très loin du départ de la navette et de l’arrivée. Je reste dans l’auto un max de temps... au calme… Je sors de l’auto à 20 mn du départ de la navette. Petit coup de stress, car je ne trouve pas l’emplacement pour donner son sac de rechange pour le Cormet de Roselend… Je demande à une bénévole, en fait on le donnera au départ à Courmayeur… Du coup je n’attends pas beaucoup pour prendre le second car il est 3h30. On roule tranquille jusqu’à Courmayeur. J’ai même dû m’assoupir un peu dans le tunnel, j’y ai pas vu faire !
Arrivé à Courmayeur, hop direction les toilettes, j’ai vu comment ça s’est passé l’année dernière, une queue pas possible et une heure pour aller aux toilettes. Comme ça je peux me poser au calme dans le hall de la patinoire. J’attends Marie du côté de l’entrée, mais impossible de la voir, trop de monde et beaucoup trop de passage. C’est elle qui me verra finalement à 30 mn du départ ! On discute un peu, c’est cool de partager ces moments avant le départ d’une course.
Allez, on se bouge, il est l’heure de se rendre sur la ligne de départ ! Il fait encore un peu sombre, Marie se place vraiment tout devant ! Je la suis, même si cela ne me plaît pas trop… Je pose ma veste mon pull, le jour lève petit à petit, pas besoin de lampe non plus. Quelques contrôles de sacs juste avant le départ, et le compte à rebours débute. Toujours très émouvant le départ d’une course de l’UTMB… On se rappelle du premier jour de l’inscription et tous ces entraînements pour arriver à cet instant précis.
Malgré un bon début de saison, bien préparé pour la Maxi Race, le mois de juillet et août n’auront ont été difficiles au niveau de la préparation. Un mois de juillet très chaud, un trail du Beaufortain décevant, un peu dû à la chaleur et à la fatigue. Et pour finir, pas d'entraînement sérieux et presque deux semaines sans course à pied pour cause de vacances en vélo. C’est un peu fébrile que je me présente alors sur cette TDS, course la plus difficile des courses du Mont Blanc, 120 km et plus de 7 200 m de D+. Je sais que déjà en pleine forme, ce sera dur alors, voilà..., mais il faut y aller quand même ! Je suis motivé et pressé d’en découdre !
C’est avec les frissons dans le dos que l’on entend le speaker tant entendu sur les vidéos, puis la traditionnelle musique qui résonne sur la ligne de départ. On repense à tous ces mois parcourus depuis le tirage au sort favorable pour cette course. Pas un jour sans penser à ce jour, là ça y est nous y sommes !
Le départ est donné !
Je suis Marie à travers la ville de Courmayeur, on se faufile à travers les coureurs, je la suis ça va bien, sans aller vite mais nous sommes déjà pas mal devant. Une ambiance de folie à 6h00 du matin, bel impact de l’UTMB aussi de ce côté là du Mont Blanc. On quitte la ville, ça commence à monter, je continue à suivre Marie, mais petit à petit je décroche, elle va vraiment trop vite pour moi. Je dois me préserver, je ne suis pas pressé ! Je décroche mais j’arrive à garder un bon rythme, le rythme de ma place, sans perdre de position.
Premier contrôle, à la station de Checrouit, 800 m D+, 1h07 et 459e place.
Je me sens bien, tout en pensant à garder le rythme, mais petit à petit, je me rends compte que ce sera pas possible de le garder tout le long comme ça. Je baisse le pied, je n’arrive plus à suivre le rythme et là commence les doutes… Évidemment, lorsque des coureurs me doublent, un par un, des dizaines, sans pouvoir faire quoi que ce soit. J’ai beau me dire que c’est normal, tu es parti trop vite Danyel, calme toi et reprends ta place… Bref, je ne vis pas cette situation au mieux… Je rétrograde petit à petit au classement et je me demande bien comment rallier l’arrivée sur cette base. Aucune relance et je peine dans les montées… En une heure je perds pas moins de 100 places...
Arête du Mont Favre, contrôle chronomètre, 11 km, 2h04 et 562e place.
La descente sur le Lac Combal n’est pas mieux, je peine à courir dans cette descente ma foi assez roulante et je perds encore pas mal de places… J’essaie de penser à autre chose, je regarde le décor, c’est vraiment superbe, de ce côté là.
J’arrive au Lac Combal, 15ème km, 2h38 et 635e place.
Tout au long de la course, je ne connais pas mon classement, mais c’est toujours difficile à accepter de se faire doubler par autant de coureurs. Petite erreur de stratégie de course. Pas grave, il ne faut pas s'arrêter à ça et le mieux est de se re concentrer sur l’objectif, rallier Chamonix dans les temps ! Nous sommes dans la montée au Col de Chavanne, point culminant de la course, je dois me remettre en selle et re penser positivement. Pas mieux, la dégringolade au classement continue. Ce n’est pas vraiment le classement en soi qui me dérange, mais plutôt de voir les concurrents me dépasser avec une si grande facilité. Ils sont certes meilleurs coureurs que moi, mais ça fait tout de même mal. Je dois me résigner, mais j’essaie tout de même de donner le meilleur de moi même. Attendons d’être plus loin dans la course.
Nous passons le Col de Chavanne, au 20ème km, en 3h54 et 783e place.
Michel et Mickaël P. ont dû monter au Col du Petit Saint Bernard pour voir Marie, aurai-je la chance de les voir, non personne en vue. Pas mal de monde ici, endroit facile d’accès pour les voitures.
Col du Petit St Bernard, 36 km, 6h34 et 933e place.
La descente est longue pour rejoindre Bourg St Maurice, je récupère en me préservant en pensant déjà à la prochaine ascension ! N’ayant pas beaucoup de relance, je perds encore de places, mais je gère, et c’est bien là l’essentiel. Je reste concentré sur ma course et prépare ma stratégie pour cette longue ascension. Être bien physiquement, bien ravitaillé, il fait très chaud, je devrai monter régulièrement et être d'aplomb pour affronter la nuit qui pointera alors le bout de son nez ! J’y pense déjà... Mon sac me fait un peu mal à ma taille. Non c’est mon porte dossard en fait, je jète un oeil… Oups, je suis tout entamé sur le côté de ma hanche. Arrivé à Bourg Saint Maurice, je me ferai soigner. Plus on descend et plus il fait chaud… C’est la canicule, il est plus de 15h00, une vraie fournaise la vallée, et en plus en pleine ville. Nous voilà à Bourg St Maurice, Nous traversons toute la ville par le bitume pour arriver au ravitaillement qui se situe juste avant la montée.
Je suis au 51ème km, 9h36 de course et 1072e place.
Je me fais soigner au poste de secours par une équipe bien efficace. Quelqu’un me désinfecte un peu et me met un bel emplâtre d’élasto afin de protéger la blessure. Je place désormais mon dossard sur mon tee-shirt avec des épingles à nourrice. Je prends mon temps pour manger salé avec une soupe de vermicelle. Je serai finalement resté presque 45 mns ! ça fait du bien de recharger comme il faut les batteries ! Il va faire encore chaud lors de cette montée, le plus long dénivelé enchaîné de la course. ! Puis il y aura la nuit... Je repars donc, motivé comme s’il s’agissait d’une nouvelle course. Contrôle des sacs avant la nuit ! surtout les lampes et la veste imperméable, on ne badine pas avec la sécurité. Je connais cette montée pour l’avoir repéré avec Valy quelques semaines plus tôt. Et j’avais bien fait ! Je sais à quoi je m’attends, un sacré morceau ! C’est raide dès le début, nous passons à travers les dernières maisons de la ville, des enfants nous arrosent avec leur tuyau d’arrosage, trop du bien ! Je prends mon rythme, nous montons dans de petites traces uniques en file indienne, chaque traileur est conscient de la tâche qui nous est proposé, c’est silence total dans les rangs ! Je me cale derrière une femme qui monte à un bon rythme, ça me plait bien, elle est régulière et elle avance bien. Nous reprenons régulièrement des coureurs, fatigués déjà, par la course bien sur, mais surtout par cette chaleur étouffante. Je souffre comme les autres mais je me sens bien, je suis à l’aise dans cet exercice et la forme est encore là…
A la mi-montée, ma partenaire d'aventure s’efface sur le côté, elle semble elle aussi accuser le coup, je mène désormais le petit train formé par une petite dizaine de coureurs. Moins d’ombre à l’approche du fort mais un peu moins chaud de par l’altitude et il est environ 18 heures. Plus de deux heures pour arriver au Fort de La Platte, mais j’y arrive sans encombre mais un peu exténué par cette montée tout de même. J’ai bien assuré et j’ai doublé pas mal de concurrents. Elle a fait des dégâts cette côte. Ils nous font passer à côté du fort, je veux faire le plein d’eau, il y a une ferme avec des chèvres à l’intérieur du chateau. Les malins vendent des bouteilles de coka ! Ils font un malheur ! Qui n’aurait pas envie d’un coka maintenant ! Perso c’est bon, il m’en reste encore. Je me pose à l’ombre quelques minutes, je me couche sur le dos. Je me réveille en sursaut ! J’ai du m’assoupir quelques minutes. Je n’y ai pas vu faire, je suis tombé comme une masse ! Mais du coup, je suis content car je me sens refait ! Cette petite sieste m’a été bénéfique je pense. Je repars en direction du sommet qui n’est pas encore là !
Nous sommes au 56ème km, 11h52 de course et je pointe à la 997e place, 75 places de gagnées !
Je connais encore un peu le passage jusqu’au ruisseau, ensuite se dressera la rude ascension vers le Passeur de Pralognan. La question qui se pose à cet instant, c’est de savoir si nous allons pouvoir passer ce sommet de jour ? La fin de montée est plutôt aérienne et le début de descente plutôt technique. Pour l’instant ce sont des pâturages et une montée plutôt reposante que je gère bien. Les montagnes sont magnifiques et le coucher de soleil proche. Une heure à peine pour arriver au lac d’Esola, la descente qui nous a amené ici nous prépare à cette montée très raide ! Je me rends pas compte du temps qu’il reste pour montée et la nuit est proche. La montée se fait encore à un rythme régulier, il fait moins chaud, c’est une belle soirée que nous passons sur les chemins, nous avons de la chance avec la météo ! Je finis très bien cette montée deux heures après mon passage au Fort, il y du monde pour nous accueillir au sommet, les secours, des alpinistes, pas très rassurant tout ça !
On nous check et on nous observe de près afin de voir si on se sent apte à poursuivre. Je ne m’attarde pas, et je commence la descente du Passeur de Pralognan, situé au 62ème km, en 13h51 et à la 972e place. Il est 20h00, et il fait encore plein jour quand je m’élance dans les cordes de la descente. Je reconnais quelque peu le coin, l’Ultra Trail du Beaufortain passe cette même arête mais dans les environs. Le descente est rude pendant un peu de temps et ensuite ce sera roulant pour rejoindre le ravito de Cornet de Roselend. Mais tout d’abord, totale concentration pour attaquer cette descente très technique. C’est moins difficile que je pensais, et très vite cela devient roulant, mais restons prudent ! La nuit tombe petit à petit, mais je suis rassuré d’avoir passé ce gros morceau inconnu à mes yeux. Jusqu’au Col du Joly, je connais assez bien, et cela m’aidera à passer une partie de la nuit. La forme est étonnamment présente, pas de soucis ni de bobos, alors je cours dans cette descente, tout se passe bien. Quatre kilomètres de descente pour arriver au Cormet de Roselend, 66ème km, 14h56 et 972e place. Et la nuit qui commence à tomber, je prends ma lampe dans mon sac un peu avant d’arriver au ravito.
Nous avons passé la moitié de course, je met en place ma stratégie pour le ravito, c’est celui ou nous pouvons récupérer notre sac de rechange. Personne ne m’attend au ravito, ça ira donc assez vite. A peine arrivé que l’on me présente déjà mon sac ! Il y a du monde, la fatigue se lit sur les visages et certains ne repartiront pas c’est sûr. Je me choisis un petit coin pour me poser, et je vais me chercher à manger. Plein de choses, vraiment de quoi se faire un repas. Mais sans me presser je me prends de la soupe que je mange très chaud. Je retourne après me faire une assiette de choses salées, jambon, saucisson et fromages. Je repars en m’étant arrêté à peine 30 mns. La montée au Col de la Saulce n’est pas très raide, je la connais, la descente sur la Gittaz sera roulante. Il faut gérer pour y arriver. Belle descente dans les gorges avec le torrent qui est juste en contrebas. Le plat pour rejoindre le ravitaillement n’en finit pas, c’est super long et je commence à avoir les paupières qui se ferment… Je profiterai du ravitaillement pour me reposer un peu. C’est très calme en arrivant, je me pose sur un banc et commence à m’assoupir. Un bénévole me réveille pour me dire qu’il y a des lits dans le refuge d’à côté. L’idée est bonne car je dors à moitié, mais le temps de rejoindre les couchages que je n’ai plus sommeil… Cela ne sert à rien d’insister, ces quelques secondes sur le banc m’ont sans doute suffisent. Je repars donc seul dans la nuit complète. Pas facile à gérer cette nuit, il est minuit...
La Gittaz, 75 km, 17h44 et 901e place.
La montée est monotone et le sommeil revient à la charge. Je me rend compte que je dors en marchant. je titube… Un concurrent s’en rend compte en me doublant, je me reprend. La descente sur le Mont Joly se présente, moins de risque de dormir, je vais courir un peu. Une fois le ravito passé, il me restera une longue descente jusqu’aux Contamines et le jour sera là. Suis content d’en être ici même si je sais que c’est loin d’être fini. Il me reste plus de 25 kms et un gros col à passer.
L’arrivée au ravito est calme dans cette nuit, 4h00 du matin. Col du Joly, 85 km, 21h27 et 938e place
Je repars vite fait pour les Contamines, la descente est longue le long de la rivière. Je peux pas trop courir, la fatigue se fait sentir… J’ai un compagnon de route, ça aide à finir cette nuit. On discute bien, on se raconte notre course, nos expériences. Deux heures plus tard, nous arrivons aux Contamines, c’est passé super vite et le jour est là. Que c’est bon ! Content d’être là, d’avoir fini la nuit sans encombres, il reste une grande montée et la descente sur Chamonix sera à ma portée !
Les Contamines, 95 km, 23h56 et 921e place.
Je ne m’attarde pas trop aux Contamines, le jour est en train de se lever, je choisis de garder mes couches et ma frontale. J’aurai pu tout enlever car la montée se fait sur un grand sentier au départ, donc pas du tout froid, et le jour se leva finalement bien vite. La montée est longue pour apercevoir les chalets du Truc, quelques 600 m D+ bien régulier mais pas trop raide. On aperçoit droit devant nous le fameux col du Tricot, mais avant ça il faut redescendre dans la vallée des chalets du Miage, ou quelques refuges abritent les randonneurs du Tour du Mont Blanc. C’est très joli avec une superbe vue sur les glaciers. Pendant la descente, je ne peux m’empêcher de regarder les traileurs qui sont dans le col, impressionnant la raideur ! Mais il va falloir y aller en se disant que la dernière grosse difficulté de la course. Dès le début de la montée, il y a déjà des trailleurs sur le côté qui sont découragés par cette montée. Moi pas !, il faut y aller ! Je passe devant un gars qui m'a emboîté le pas et c’est parti ! Comme à mon habitude et même avec la fatigue, j’essaie de ne pas m’arrêter, sans aller très vite mais le plus régulier possible. Les nombreux lacets s'enchaînent, tellement raide que l’on ne voit même pas le sommet. Il me faudra environ une heure pour faire les 600 m D+. Content d’être arrivé au sommet, le gars derrière moi, me remercie car je lui ai bien servi de locomotive ! Je me pose quelques minutes, j’aurai voulu dormir, mais dérangé plusieurs fois par les bénévoles qui nous suivent de prêt, je repars finalement deux trois minutes plus tard.
Arrivé au Col du Tricot, 102e km, 26h54 et 889e place.
C’est ensuite la descente sur Bellevue, on distingue un peu la vallée de Chamonix, ça sent bon ! Nous avons basculé de l’autre côté de la montagne, la descente se fait au soleil, je prend le temps de m'arrêter et de me déshabiller, je suis en tee-shirt et j'enlève également la frontale. La descente est assez cool dans les pâturages, puis nous rentrons dans les bois, on commence à entendre le torrent. Voilà la fameuse passerelle ! Elle surplombe le torrent qui provient du glacier, il est en ébullition, la passerelle n’est pas large et instable et j’en mène pas large ! Je ne m’attarde pas, je ne pense qu’à finir ma course.
Je réalise que je suis en train de terminer la TDS, un des trails les plus difficiles qui soient, ça booste !
On remonte sur Bellevue, je ne m’attendais pas à faire encore des côtes ! Après plus de 7 000 m de D+. Montée assez technique par endroit dans les rochers, ça fait mal aux pattes ! Une fois à Bellevue, petit ravitaillement liquide, je remplis ma bouteille de coka et je files.
Pointage de Bellevue, 106 km, 28h14 et 906e place.
Ensuite c’est la vraie descente sur les Houches ! Faire attention, être vigilant et ne pas se laisser emporter par la ligne maintenant tout de même assez proche, un peu plus d’une heure, je pense. Descente dans la forêt, assez technique avec des racines, beaucoup de racines…
C’est sur un large sentier que nous arrivons aux Houches, 111e km, 29h10 et 887e place.
Dernier ravitaillement, je remplis une dernière fois ma bouteille, je ne mange même pas. Je prend soin de mettre mes bâtons sur le sac et je repars en courant ! Nous traversons sur les ponts, la rnationale, le chemin de fer et l’Arve pour nous retrouver sur un sentier qui va longer la montagne jusqu’à Chamonix. Quelques 8 km pour rejoindre l’arrivée. J’ai l’intention de courir tout le long mais c’est tout vallonné, et dès que ça monte un peu je peux plus. Je double pas mal de coureurs, ça fait plaisir mais que c’est long. Je me repasse le film de ma course et suis super content de moi. D’être sur le point de réussir cette seconde course au Mont-Blanc.
On commence enfin à redescendre sur Chamonix, on traverse une ou deux routes et je me retrouve sur la rue piétonne. Les gens se baladent mais sont là aussi pour nous encourager, il y en a de partout, aux balcons même ! Arrive les trois cent derniers mètres et là c’est une vraie haie d’honneur qui nous est réservée, sans barrière, juste la place de nous faufiler à travers eux.
Ce n’est plus des encouragements comme tout le long du parcours, mais plutôt des félicitations et des grands Bravos, ça crie de toute part, je touche les mains des gens, je suis des plus souriants, heureux d’être arrivé après tous ces kilomètres parcourus, toutes ces descentes, tout ce dénivelé et tout ce temps aussi.
Je passe la ligne d’arrivée en courant, le sourire pour Christelle qui m’interpelle et qui fait une photo !
Voilà, quelques 30h23 sur les chemins depuis Courmayeur, 120 km et une 855e place.
Je suis Finisher à la TDS !!!
Félicitations des bénévoles de l’arrivée, je récupère ma veste de finisher de la TDS et Chrystelle qui fait encore quelques photos. Nous pouvons ensuite déguster ensemble une bonne bière pression ! Merci d’avoir été là pour partager cette énorme émotion.
Un grand Bravo à Marie P. qui termine 160 ème ! Elle se classe 4ème V2. 22h46 soit quelques 8h de moins que moi !