vendredi 25 novembre 2011

La pression de la mousse


Méfiez-vous des idées reçues. Car la bière et la course à pied ne font pas bon ménage.

La bière. C’est une souvent une histoire d’amour. C’est aussi souvent la petite lumière qui scintille au bout du tunnel de votre épreuve de votre épreuve. En France comme dans le reste du monde. Prenez par exemple les 2400 coureurs du dernier semi-marathon de Robie Creek en Idaho dans le Nord-Ouest des Etats-Unis. Ces soiffards ont ainsi consommé une trentaine de tonneaux à bière dans la soirée qui a suivi leur course de 21 Km. Il faut le faire ! Ce n’est pas tout. La grande majorité des 15 000 participants à la Seattle St Patrick Day Dash viennent chaque année autant pour la bière que pour les quelques 5600 mètres à parcourir. Certains autres coureurs, comme ceux de la Beer Belly Two dans le Wisconcin n’attendent même pas la fin de la course pour prendre leur apéro. Ils attrapent directement un verre au point de ravitaillement et ne se posent qu’une seule question : pourquoi attendre la fin du parcours alors que cette bière fraîche est déjà tellement méritée ?
Ce n’est plus une surprise, la bière, comme le vin, possède de nombreuses qualités pour la santé. « Le Malt et le houblon utilisés pour faire la bière noire contiennent par exemple des flavoïdes. Ce sont les mêmes composants présents dans les légumes et le vin qui jouent un rôle important dans le ralentissement du vieillissement des cellules, et qui réduisent les risques de maladies du coeur et de cancer » explique notre expert, le docteur Gilles Demarque. Il ajoute : « La bière contient aussi de la vitamine B et du chrome, deux agents indispensables pour convertir les hydrates de carbone en énergie ». Que de bonnes nouvelles ! Attention tout de même à l’abus d’alcool car sous prétexte que la bière n’en affiche généralement pas un taux très élevé, certains coureurs ont néanmoins la main lourde et la fâcheuse tendance à oublier ses 5% moyen de teneur en alcool. Ces erreurs de jugement sont pourtant à l’origine de déshydratation sévère et de temps de récupération plus lent. Car le secret de la bière, c’est de la consommer avec modération. Pas facile de faire coexister bière et course à pied.

La vieille de la course
Certains sportifs commandent systématiquement une bière avant une épreuve et défendent bec et ongles ses prétendus bienfaits en sucres lents. Malheureusement, il n’en est rien. La bière ne remplace pas les pâtes et croire que la bière fournit un surplus d’hydrates de carbone (les glucides) est une idée pour le moins saugrenue. « Quand l’alcool est absorbé par l’organisme, l’excès d’hydrates de carbone est stocké en graisse » avance Gilles Demarque. Par conséquent, celui qui boit avant la course stocke surtout…des graisses. « Si vous buvez beaucoup, vous courrez plus pour perdre les calories de la bière que pour brûler vos graisses » poursuit-il.
De plus, l’alcool est un diurétique très puissant (substance qui augmente la production d’urine). « C’est dire si sa consommation la nuit précédant une course ou un entraînement risque d’augmenter votre déficit hydrique et de vous déshydrater avant même de produire votre effort » explique encore notre médecin. « Pour éviter les effets dus à cette déshydratation – une mauvaise coordination et/ou un manque d’oxygénation des muscles - buvez de l’eau avant et après la bière » rajoute-t-il.
D’autres coureurs racontent encore que boire une pinte la nuit précédent une course les apaise et les aide à mieux dormir. Sachez qu’aucune étude scientifique vient corroborer ces dires. En règle générale, si vous avez l’habitude de boire une bière le soir, privilégiez le moment du repas pour faciliter son absorption. Si vous ne buvez pas – ce n’est peut-être pas le moment de commencer - il vaut mieux ne pas dépasser le seuil de 500 ml de bière pour ne pas perturber votre sommeil. « N’oubliez pas, rappelle habilement Gilles Demarque, que la bière sans alcool est celle qui cause le moins de dégâts ».

Sur la route
Vous n’envisagez pas forcément de remplacer votre boisson énergétique par une bonne bière mais boire quelques gorgées ne vous paraît pas déraisonnable ? Sachez que si vous avez bu, même une petite quantité d’alcool, vous êtes sans doute déjà partiellement déshydraté. Votre jugement et votre coordination risquent donc d’en être altérés. « De plus, ne perdez pas de vue que l’alcool est considéré comme une substance dopante car c’est un puissant stimulateur du système nerveux central » précise Gilles Demarque. Autre effet néfaste à ne pas passer sous silence : « l’alcool dilate les vaisseaux sanguins de la peau et fait chuter la température » précise Gilles Demarque. Les jours de grande chaleur, boire n’améliorera donc certainement pas votre état. Au contraire, cela accélèrera votre déshydratation et le risque d’apparition de crampes. « Étant donné qu’elle est une boisson gazeuse, la bière ralentit également le processus de digestion, ce qui nuit aussi fortement aux performances pendant votre épreuve, quelle qu’elle soit » termine notre expert.

Après la course
Vous avez fini la course sans boire une goutte de bière ? Félicitation ! Vous êtes un sage. Vous pouvez enfin vous autoriser à boire. Un peu. « Car avant d’aborder vos festivités, trinquez donc en premier avec 2 à 3 verres d’eau, l’alcool retardant le temps de récupération » intervient Gilles Demarque. Prenez dans le même temps quelques aliments salés, surtout si les températures ont été élevées. Vous pouvez ensuite consommer votre bière, mais n’oubliez surtout pas de boire 3 litres d’eau par jour pendant les 4 jours qui suivent la course afin d’éliminer les toxines . « Par ailleurs, en cas de blessure, l’alcool peut retarder la capacité de guérison car il semblerait qu’il limite en effet la production naturelle d’anti-inflammatoires » termine notre nutritionniste expert. Patientez 36 h sans boire donc, le temps que votre inflammation disparaisse. Conclusion : la bière, c’est juste pour le plaisir, rien que pour le plaisir.

Une dernière pour la route : Le buzz des bières

Bière sans alcool
C’est la bonne idée tout simplement…parce qu’elle ne contient pas d’alcool. Votre excitation provient alors de la satisfaction que vous tirerez de votre remarquable volonté. Si, si. Des chiffres ? 23 calories et 4,3 grammes de sucre (hydrate de carbone encore appelé glucides) pour 100 ml de cette bière.

Bière légère
C’est encore mieux que la bière classique mais n’en augmentez pas pour autant votre consommation sous prétexte qu’elle n’est pas très calorique. 30-35 calories et 2 grammes de sucre pour 100 ml de bière.

Bière légère en sucre
Elle contient 0,8 grammes de sucre (31 calories pour 100 ml) mais la même quantité d’alcool que les bières classiques. « C’est de l’alcool pur et des hydrates de carbone » précise Gilles Demarque.

Bière neutre
Une bouteille de 100 ml contient environ 50 calories et 4 grammes de sucre. « Une bière de ce type avant la course et une après ne vous fera pas de mal », dit Leslie Bonci, responsable du département de nutrition à l’Université de Pittsburg. Mais ayez de l’eau à portée de main quand même.

Bière forte
Faites particulièrement attention à certaines bières belges et étrangères qui ont plus de 8% d’alcool pour 300 ml (Vérifiez l’étiquette !). 67 calories et 4,3 grammes de sucre pour 100 ml.